Le christianisme est-il une béquille pour les faibles ?

par Marion Poujol

Il y a dans certains propos athées l’idée que le christianisme s’apparente à une béquille psychologique pour des esprits faibles.

Face à un monde difficile avec des défis et des souffrances, face à la mort, un esprit faible a besoin de se rassurer. Comme il n’arrive pas à trouver en lui-même les ressources suffisantes pour se tranquilliser et avoir le courage de vivre, l’esprit faible se tourne vers Dieu, la Force toute-puissante et bienveillante, seule capable de lui apporter la sécurité dont il a besoin.

Les forts n’ont pas besoin de Dieu. Les faibles sont obligés de s’en inventer un.

Une telle vision du christianisme est-elle juste ? Est-ce qu’elle possède une part de vérité ?

Pour traiter notre question, nous allons en aborder trois :

  1. une concernant la faiblesse : existe-t-il des forts ?
  2. une concernant le christianisme : est-ce que le Dieu des chrétiens est rassurant ?
  3. et finalement LA question : le christianisme est-il une bonne béquille1 ?

1. Existe-t-il des forts ?

Si le christianisme est pour les faibles, c’est donc qu’il existe des forts. Il faut alors sérieusement se demander qui se trouve dans l’illusion et qui se trouve dans la réalité.

Car faibles, nous le sommes tous. Qui d’entre nous peut faire le brave face à la mort, la maladie qui survient sans s’annoncer ? Est-ce que je suis tellement fort qu’en toutes circonstances j’ai la solution, je m’en sors toujours ? Ne sommes-nous pas souvent confrontés à nos limites, nos incohérences ? Pouvons-nous honnêtement nous poser en tout temps comme modèle infaillible à suivre, sûr de tout, ayant le contrôle de notre vie ?

Voilà une série de questions rhétoriques dont la réponse est évidemment non.

Et si, d’aventure, vous vous sentiez de répondre oui à ces questions, vous risqueriez de déchanter et devriez apprendre à être un peu plus lucides sur vous-même.

 

L’impression de force que nous avons n’est qu’une illusion. Elle ne vaut que lorsque des circonstances nous sont favorables. Notre sécurité intérieure est liée à des points de repères, à un cadre. Mais qu’advient-il lorsque tout s’effondre ?

Tout le monde a besoin d’une béquille. En fait tout le monde a une béquille :

  • un bon métier et un bon salaire
  • un conjoint
  • la drogue, l’alcool (pour les cas extrêmes)
  • et, pourquoi pas, le christianisme.

Ce qui nous amène à notre deuxième question.

2. Est-ce que le Dieu des chrétiens est rassurant ?

L’idée que Dieu serait une béquille psychologique rassurante pour les esprits faibles est juste… uniquement si l’on considère Dieu comme une projection imaginaire qu’on pourrait modeler selon ses envies.

Par exemple, une personne qui se sent seule, qui a peur de l’avenir, pourrait s’imaginer un Dieu de type « Papa Noël », bienveillant et chaleureux, qui l’aimerait et prendrait son destin en main, lui assurant que rien de mal ne lui arrivera…

MAIS si le Dieu de la Bible existe, rien n’est moins rassurant.

Rien n’est moins rassurant pour l’homme que de savoir que Dieu, un Dieu créateur et tout-puissant, existe réellement.

Il faut aussi le dire : beaucoup de nos contemporains sont athées par fuite, par refus d’envisager sérieusement la réalité de Dieu.

Parce que Dieu, ce n’est pas le Père Noël, c’est le juge.

La Bible nous présente un Dieu qui voit tout, sait tout, connaît tout de nos vies, de nos motivations, de nos arrière-pensées. Il est le seul capable de nous mesurer à l’échelle de la Vérité et il va nous juger.

Il n’est pas un Dieu qu’on peut accommoder au gré de nos fantaisies.

Il n’est pas un Dieu qui s’adapte aux goûts, aux modes du jour.

Pour lui, les choses ne changent pas : le contraire de la vérité (la semi-vérité, l’exagération…) est le mensonge. L’infidélité (dans la pensée, le regard, les actes…) est une trahison. Le désir de mort (la haine, le meurtre…) est un crime, etc.

Alors oui ! Il est bien plus commode de vivre en niant Dieu. Car ainsi on peut être les propres juges de nos actes, avec la dose d’indulgence et d’excuses prodigieuses que l’on s’accorde toujours lorsqu’on est pris en défaut.

Croire en Dieu veut dire considérer sa vie à la lumière de ce Dieu réel et de ses critères de justice. Se confronter à ce Dieu-là requiert non de la faiblesse mais une bonne dose de courage et d’honnêteté.

Il n’empêche qu’étant donné notre faiblesse précédemment soulignée, nous avons tous besoin d’aide dans la vie. Alors …

 

3. Est-ce que la religion chrétienne est une bonne béquille ?

Oui et non.

OUI pour celui qui, de manière réaliste, se voit face à la réalité de la vie, du temps, de l’espace, de l’éternité… de Dieu.

Oui, je le reconnais : je suis un être faible, fragile sur tous les plans.

Je suis faible face à la colère qui peut m’emporter d’un instant à l’autre, surtout quand on me traite de faible !

Je suis faible lorsqu’il s’agit de tendre la main, de secourir, de payer de ma personne pour aimer, aider celui qui est dans le besoin, je suis faible face à mon égoïsme.

Je suis faible face à la tentation de mentir lorsque la vérité à dire est trop difficile ou va me coûter.

Je suis faible face aux puissances de la nature qui, en une seconde, peuvent détruire ce que j’aurai mis des années à construire.

Je suis faible.

Et c’est à cause de cette faiblesse que je ne peux me considérer comme le début et la fin de tout, que mes limites s’imposent de manière évidente.

Le christianisme, c’est pour les faibles… enfin, pour ceux qui ne se voilent pas la face et qui admettent qu’ils le sont, pour ceux qui acceptent d’être soutenus et accompagnés par Quelqu’un d’infiniment supérieur à eux.

Dieu met sa force à notre portée par Jésus-Christ. Il a été, sur terre, la démonstration humaine, visible, de cette puissance supérieure qui est dans le Dieu de l’univers. Il a guéri, ressuscité les morts, calmé la tempête, chassé des esprits mauvais… Surtout, il a relevé l’abattu, soulagé le fautif de sa culpabilité, accueilli les rejetés. Partout où la faiblesse avait terrassé un homme, une femme, sa force les a remis debout. Parce que je suis candidat à la faiblesse, je le suis aussi pour être au bénéfice de sa force, de son secours, de son assistance, de son salut.

NON si Dieu n’est pour vous qu’une abstraction, une construction de votre imagination. La béquille qu’il représente alors ne durera pas plus longtemps que l’illusion qui la soutient.

Ils sont nombreux ceux qui disent ne plus croire en Dieu parce qu’il les aurait déçus ! Comment le Dieu qui soutient l’univers pourrait-il décevoir, ne pas être à la hauteur des petits problèmes de ma vie !

Ce qui les a déçus, c’est le dieu qu’ils se sont fabriqué, qu’ils voulaient mettre en adéquation avec leurs attentes et leurs désirs.

Dieu s’est révélé sous la forme de propositions précises, concrètes, révélées dans la Bible.

Est-ce que nous sommes prêts à nous y confronter et à nous faire une opinion de Dieu tel qu’il se présente ou préférons-nous nous attacher à un dieu que nous nous serions façonné nous-mêmes ? La question vous est posée…

 

© Marion Poujol, article tiré de du site www.questionsuivante.fr  

Vous pouvez partager cette page par email, en remplissant ce formulaire

X

< Retour à la page des questions sur Dieu

Voir plus d'articles